Rencontre avec Ana…

Sous le soleil du court trajet qui nous conduit de son palace à la vieille brasserie lausannoise, je lui parle un peu de la ville et du petit succès qu’elle se taille auprès des noctambules. Je ne manque pas l’occasion de situer notre bonne ville en province, peut-être pour ne pas lui laisser croire une seconde qu’elle est dans le monde, ici, sur le pavé tiède de cette « paysanne qui a fait ses humanités » chère à Gilles. A l’affût d’atours dont je pourrais nous parer, vous et moi, vaudois, je lui montre une affiche de Carmen qui se joue bientôt à l’Opéra de Lausanne.

Bientôt installés au Romand, dans le brouhaha convenu des serveuses qui s’interpellent, des cendriers qui s’entrechoquent, elle est en face de moi, telle que je la voulais, hors champ, à contre-coeur.

On se tutoie, Ana ? OK. Ta vie est une grande fête. Du début à la fin de ton album « Amor latino », les rythmes et les mélodies s’enchaînent. Tu démontres que tu y respires, que tu passes si bien de cette Espagne qui roule dans tes veines, aux complaintes plus secrètes qui se faufilent dans la Médina. Du regard altier d’une belle andalouse, tu passes au sourire gêné d’une jeune fille de bonne famille. En dansant, tu transformes la scène en jetée tendue vers le sud, sur un rivage d’Almeria, dans le soir qui te prend.
Le petit miracle des ambiances qui se métissent peut se nouer maintenant, dans le roulement des percussions, des guitares qui conduisent le bal. Je voulais dire Flamenca, pensant l’avoir inventé, et c’est trop tard – il s’agit d’un vieux roman occitan perdu dans le secret d’un anonyme – ce sera donc Ana, découverte sur les ondes de toutes les radios, dans la lumière du mois de mai qui annonce l’été.

J’ai bien aimé ta confidence, Ana, celle qui t’éloigne du monde de la nuit et de ces noceurs avinés, de la fumée qui travestit la détresse en liesse, laissant les vies en lambeaux.

Site officiel de Ana : http://www.analatina.net/

Site officiel de Cesart Production : http://www.cesart.ch/

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