Vous et moi…

Vous et moi, enfants de Gagarine et de Camus, auront senti nos mères rêver de salons tapissés de velours vert ou lie de vin, d’opulence, de cette oisiveté dont on laissait croire qu’elle pouvait nourrir son homme et ses femmes…

Vous et moi, de la fratrie des sixties et de ses ex-fans, auront mis une vie à avouer que nous préférions les Beatles aux Stones, que nous y avons vraiment cru, à cet espoir, à ce rêve de mieux, et que notre seule erreur est ne n’avoir pas pris nos adversaires au sérieux…

Tout était rock et pop, nous produisions alors en nous trémoussant, l’énergie de l’espoir et jetions, comme nos parents amusés, les dés de nos vies sur les portraits imprimés de nos idoles.

Serge Gainsbourg a mis quarante années à comprendre qu’on ne survit pas à se consumer dans les volutes bleues, dans les limbes dorées, aussi pur soit le malt déversé. Si l’on passe sur quelques ombres, si l’on pardonne quelques mots, quelques aveux, il reste un monsieur qui a inventé quelque chose, le culte des émotions non contenues, l’amour des mots, le génie de la mélodie, la science d’en faire un couple… Quarante ans à se foutre en l’air en criant qu’il tenait à la vie… Ne disait-il pas: « Je voudrais que la terre s’arrête, pour descendre »… Serge en a bavé de boire et de fumer, puis s’est éteint il y a vingt ans demain…

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