Ostalgie…

Définitivement, il faut regretter que la planète presse ne se résume qu’à quelques billets dont les auteurs renvoient, sans juger ni accabler, un miroir cruel à leurs lecteurs.

Las comme moi de se laisser balader depuis des mois dans les méandres médiatiques des ruines du mur de Berlin, Christophe Gallaz dans le Matin du 8 novembre révèle l’abstraite et immatérielle présence des nouveaux remparts qui s’érigent entre les peuples, les classes, les individus et même entre nous et nos Moi profonds…
Avec cette subtilité dont il rend complice chaque mot, il décrit une arène où s’affrontaient les bons captifs et les méchants geôliers, les bons sujets, confinés derrière un mur, portant à lui seul toute la misère du rêve socialiste, et les méchants, gavés à l’énergie du désespoir… Un mur dont il est tentant de penser qu’il était aussi inébranlable que la foi de ses gardiens…
Il les représente, ces deux antagoniques clans de martyrs, comme celui des légendaires bons et méchants de l’univers fictif, de Walt Disney à Agatha Christie, en passant par Ian Flemming.

Aussi démesurément inhumain et cruel soit-il, le mur de Berlin, en opprimant ceux qu’il confinait, a façonné un style de vie, organisé les sensibilités, exacerbé la créativité, glorifié la solidarité. Pour avoir connu Berlin avant et après la chute du mur, pour avoir fréquenté les milieux de la culture quasi clandestins d’avant, pour constater à quel point les bons opprimés ne sont pas devenus moins pauvres et combien les malins de l’autre Berlin sont devenus plus riches, je me dis que ce remue-ménage n’est que vulgarité, bientôt récupérée par les habituels recycleurs politiques qui, pour être omniprésents, ne sont pas pour autant ubiquiste, Dieu merci.

Juste une grosse parenthèse coulée dans le béton et dont l’ombre manque peut-être à ceux qui vivent à ce qui reste de l’Est, encore, par passion.

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